le 18/04/2002

 
 
 
 
 
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     18/04/2002
     
     
     
     
     
 
 
 
 
 
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Un petit bout du monde

Les trois dernières semaines passées à Dharamsala à contempler les cimes enneigées de l'Himalaya ont attisé notre envie d'aller voir de plus près à quoi ressemble ces montagnes. Nous prenons la route du Kinnaur. La région est bordée au nord par la chaîne montagneuse du Zanskar, qui sépare l'Inde du Tibet.

Plusieurs centaines de kilomètres de routes en lacets, étroites comme le dos d'un serpent, nous séparent encore du Kinnaur, mais les paysages qui bordent notre route valent le détour. Le printemps vient juste d'arriver, et avec lui, d'innombrables fleurs. Les routes, situées à flanc de montagne, nous permettent d'admirer les vallées, le lit de la rivière Sutlej, les cultures en terrasse, les vergers en fleurs, les sommets couverts de neige et les petits villages aux maisons de bois. Tout au long du trajet, sourires et signes de bienvenue nous accompagnent. Des ribambelles d'écoliers nous saluent et au bord des routes, les ouvriers affairés à rénover la chaussée, nous font signe de la main.

A mesure que nous avançons, les paysages changent. Une piste de terre a maintenant succédé à l'asphalte, les sapins ont remplacé les arbres en fleurs et dans les villages, les maisons de bois sont maintenant coiffées de toits pentus. Les visages et les costumes ont changé aussi. Les Kinnauris portent des costumes de laine claire et de petites toques de laine grise.

Sur la place du village, près d'un temple hindou, les anciens discutent en regardant les plus jeunes jouer au cricket

Nous grimpons aussi loin que la piste nous le permet, mais la fin du chemin a pour nom Chitkul. Derrière le village, la route est fermée. "A cause de la proximité de la frontière chinoise." nous dit un habitant. Perché à 3800 mètres d'altitude, encadré par des hauts sommets couverts de neige, Chitkul compte 500 habitants. Sur la place du village, près d'un temple hindou dédié à Jai Mata, les anciens discutent en regardant les plus jeunes jouer au cricket. A quelques mètres du temple, des drapeaux de prière bouddhistes flottent au vent. Les Kinnauris respectent un mélange d'hindouisme et de bouddhisme d'influence tibétaine. La région possède son propre panthéon dans lequel se côtoient divinités hindous et bouddhistes.

Tout en marchant, en discutant, en fumant, hommes et femmes filent ou tricotent

Le travail de la laine de chèvre est la principale activité du village. Châles, bonnets, chaussettes, costumes de laine… Alors tout en marchant, en discutant, en fumant, hommes et femmes filent ou tricotent. Dans les ruelles étroites bordées par des greniers à grains et des maisons de bois aux étroites ouvertures, les femmes tricotent, tissent ou filent la laine. Assises devant leur maison, elles semblent profiter du soleil et de la douceur des températures. La neige vient juste de fondre et le village n'est accessible par la route que depuis quelques semaines.

Un regard, un sourire suffisent pour qu'elle nous invite à boire un thé

Le temps semble s'être arrêté à Chitkul et seule une antenne parabolique évoque le temps présent. Eloigné de plusieurs dizaines de kilomètres du premier lieu de ravitaillement, le village est perdu au cœur des montagnes. Et l'accueil des habitants nous rappelle celui des bédouins dans le désert de Jordanie. Tout en gardant un œil sur le match de cricket qui se joue sur la place, les anciens prennent le temps de discuter avec nous. L'un deux parle anglais et nous témoigne une curiosité que nous lui rendons par nos questions sur la vie du village. Un peu plus loin, un groupe de femmes est installé dans une ruelle. Près d'un feu de bois, elles préparent des centaines de puris, du pain frit dans de l'huile bouillante. Les anciens nous proposaient de fumer des beedis, les femmes nous invitent à déguster des puris chauds. Cette fois, la barrière de la langue rend la communication difficile. Dans cette région, on parle surtout kinnauri, mais les quelques mots d'hindi que nous connaissons nous épargnent du silence, et provoquent le rire de nos hôtes. A côté, une grand-mère, installée sur le toit de son étable file la laine. Un regard, un sourire suffisent pour qu'elle nous invite à boire un thé.

Nous passons la journée à découvrir le travail de la laine et la vie paisible des Chitkulis. Avant la tombée de la nuit, nous décidons de partir pour nous installer un peu à l'écart du village. Mais le lendemain, alors que nous reprenons la route en sens inverse, nous avons la surprise de voir que des ouvriers ont démonté le pont de bois que nous avions emprunté pour venir. Des travaux de rénovation qui nous valent une nuit supplémentaire à plus de 3500 mètres d'altitude.

Nani et Minh

A suivre en images :
la vallée du Kinnaur