le 28/02/2002

 
 
 
 
 
     
     
     
     28/02/2002
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
 
 
 
 
 
écouter un son
en savoir +
envoyer cette photo à un ami
Au Gujarat

Dès le départ, nous savions que notre étape indienne comportait une part de difficultés et que nous aurions besoin de temps pour nous adapter à des conditions de voyage particulières. Des distances faramineuses, une misère omniprésente et une bureaucratie incontournable étaient les difficultés auxquelles nous nous attendions.

Omniprésence de la foule

Mais après un premier mois de voyage sur le sous-continent indien, nous commençons tout juste à prendre la mesure de notre nouvel environnement. Et nous découvrons que l'omniprésence de la foule et la difficulté que nous avons à dénicher des lieux paisibles où nous installer rendent, pour l'instant, le voyage bien plus difficile qu'il ne l'a été au Proche-Orient.

Au port de Bombay, à peine avions nous sorti la voiture de son container, qu'une dizaine de dockers se sont agglutinés autour, les uns testant la solidité du pare-chocs, les autres se baissant pour admirer le dessous de la voiture, tandis qu'un autre essayait désespérément d'ouvrir la porte arrière, pourtant fermée à clé.

En ce moment, nous nous trouvons au Gujarat, un état situé au nord de Bombay. Et tous les jours, nous sommes confrontés à des situations similaires. A un feu rouge, à un passage à niveau, des gens viennent vers nous et se placent autour de la voiture. Chacun ayant un commentaire, une appréciation à dire, certains passant même leur tête par la fenêtre pour mieux apprécier la position inhabituelle de conduite à gauche.

Le moindre achat, le moindre arrêt devant une échoppe, et tout de suite une bonne vingtaine de personnes nous encerclent...

Même attitude lorsque nous faisons nos courses dans des villages reculés où les habitants n'ont pas l'habitude de voir beaucoup de touristes. Le moindre achat, le moindre arrêt devant une échoppe, et tout de suite une bonne vingtaine de personnes nous encerclent et observent le moindre de nos mouvements. Et quand quelqu'un nous adresse la parole, c'est soit pour nous demander d'où nous venons, soit pour nous demander nos prénoms. Et généralement, à peine avons nous répondu, que la personne tourne les talons et disparaît.

Tous les soirs nous essayons de trouver l' endroit le plus désert possible pour dormir. Mais jamais nous n'avons encore réussi à dormir après huit heures du matin, sans être réveillé par un ou plusieurs curieux de passage. Un soir, un homme s'est même assis près de la voiture, se contentant de nous observer en silence, allumant juste une cigarette de temps en temps. Et il aura fallu que nous sortions de la voiture et, qu'à notre tour, nous le scrutions sans dire un mot pour qu'enfin il se décide à partir. Le lendemain, quand nous nous sommes réveillés au petit matin, il était revenu, installé à la même place, observant le moindre de nos mouvements, sans pour autant essayer de communiquer avec nous.

Devenir plus patients

Ces rencontres, pas toujours amicales, l'omniprésence de la foule, et aussi la conduite éprouvante sur des routes encombrées nous ont déjà bien éprouvés. A tel point, qu'à un moment, nous avons ressenti le besoin de nous isoler pendant quelques jours sur une petite île paisible du sud du Gujarat, le temps de reprendre des forces. Mais nous essayons de prendre les choses avec philosophie. Et même si, à quelques reprises, nous avons perdu notre calme, nous gardons en tête, que le voyage est fait d'enseignements, notre étape indienne étant certainement là pour nous aider à devenir plus patients.

Aujourd'hui, nous ne savons pas si l'ensemble de notre voyage ressemblera à ce que nous avons vécu au Gujarat. La situation ici est très particulière. L'année dernière, cet état a connu un terrible tremblement de terre qui a fait plusieurs centaines de milliers de victimes. Et cette semaine, les problèmes entre hindous et musulmans sont revenus à la une des journaux avec l'attaque d'un train de pèlerins hindous par des extrémistes musulmans qui a fait plus de 50 morts. Depuis, plusieurs émeutes ont eu lieu et plus d'une centaine de personnes des deux bords sont mortes. Toutes les villes de l'état ont été placées sous couvre-feu et le gouvernement central a dû faire intervenir l'armée.

Nani et Minh