C'est notre dernier jour au Népal. Le garde-manger est plein, les réservoirs d'eau et d'essence aussi, tout est impeccablement rangé dans la voiture, les passeports et le carnet de passage en douane sont à portée de main. Direction la frontière indienne.
Nous roulons tranquillement sur la route de montagne qui mène au poste frontière quand brusquement, la voiture s'immobilise au milieu de la route. La roue arrière droite s'est bloquée, laissant une trace de gomme sur la chaussée. Nous inspectons la voiture. L'état des lieux n'est pas brillant. Le pont arrière de la voiture - qui contient le mécanisme permettant de transmettre la force du moteur aux roues arrières - est éventré et le bouchon qui vient dessus manque à l'appel. Toute l'huile s'est échappée.
Pour la première fois du voyage, nous nous trouvons immobilisés sur le bord de la route, incapables de parcourir un kilomètre de plus. Il est 6 heures du soir, la nuit va bientôt tomber. Trop tard pour entreprendre la moindre réparation. Et pour couronner le tout, il se met à pleuvoir, une de ces pluies de mousson qui vous trempe jusqu'à l'os en moins d'une minute. Nous nous réfugions dans la voiture.
Déjà, nous imaginons toutes les solutions envisageables. Nous connaissons de bons mécaniciens à Kathmandou, mais c'est à plus d'une journée de route. Remorquer la voiture? Difficile, voire impossible, de trouver une dépanneuse dans cette région montagneuse, et puis cette solution serait trop onéreuse. Très vite, une unique solution s'impose : nous devons réparer nous-même. Nous passons le reste de la soirée à feuilleter nos manuels de mécanique, mais sans connaître vraiment l'étendue des dégâts. Nous nous couchons de bonne heure. C'est sûr, une longue journée nous attend.
Le lendemain, nous nous réveillons à l'aube. Le temps d'avaler un rapide petit-déjeuner et nous enfilons nos bleus de travail. En moins d'une demi-heure, nous réussissons à démonter la coquille éventrée. Les dégâts sont minimes, tous les engrenages sont intacts. Bonne nouvelle, très bonne nouvelle. La coquille démontée, nous comprenons enfin ce qui s'est passé. Le pas de vis du bouchon était défectueux et le bouchon a tout simplement glissé à l'intérieur du pont. Bloquant ainsi les engrenages et éventrant au passage la coquille du pont.
Il ne nous reste plus qu'à trouver un soudeur capable de réparer notre coquille. Nous prenons un taxi collectif pour Butwal, la première ville digne de ce nom, située à une vingtaine de kilomètres de l'endroit où nous nous trouvons. Dans la jeep, deux messieurs newars, coiffés de la petite toque typique de leur ethnie, bavardent. A leur côté, un jeune homme, habillé à l'occidentale, prie en joignant ses mains à chaque fois que notre taxi passe devant un temple.
A l'arrière, une femme, que les incessants virages de la route ont rendue malade, est agrippée à la fenêtre de la voiture, bien incapable de garder le contrôle de son estomac.
Au bout de deux heures de route, nous arrivons à Butwal. Après avoir interrogé quelques passants, nous trouvons notre bonheur. En quelques minutes, l'affaire est réglée. Notre coquille a repris forme, et si elle semble un peu carbonisée par la soudure, tous les trous ont été rebouchés. C'est l'essentiel. Nous achetons quelques bidons d'huile et nous mettons en quête d'un moyen de transport pour remonter dans la montagne. Pressés d'en finir avec cette histoire, nous arrêtons un taxi pour lui demander le prix de la course. "1500 roupies." nous répond le chauffeur le plus sérieusement du monde. Grands éclats de rire. L'aller nous en a coûté 50. Pas grave, nous prendrons le bus.
De retour à la voiture, nous remettons la coquille en place, faisons le plein d'huile et préparons à manger Il est 3 heures de l'après-midi et le moment de reprendre la route est arrivé plus rapidement que prévu. En deux heures de route, nous atteignons le poste frontière. Quelques coups de tampons, deux ou trois formulaires à remplir et nous quittons le Népal. Nous sommes de retour en Inde.
Nani et Minh