le 30/03/2002

 
 
 
 
 
     
     
     
     
     
     
     
     30/03/2002
     
     
     
     
     
     
     
 
 
 
 
 
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Tibet en exil

Dès le petit matin, les ruelles étroites de Mac Leod Ganj s'animent. Les boutiques de souvenirs et les restaurants ouvrent leurs portes. Les premières échoppes s'installent le long des rues. Au loin, on entend les chants de prière qui marquent le début de la journée des écoliers. Sur la route qui mène au temple, les fidèles récitent à voix basse des mantras bouddhistes.

Des drapeaux de prière tibétains multicolores flottent au vent

De petites affiches collées sur les murs annoncent un stage de méditation, un cours de tibétain, ou encore une audience publique du grand Lama Karmapa, récemment exilé du Tibet. Sur les toits des maisons, des drapeaux de prière tibétains multicolores flottent au vent.

Autour du temple, des fidèles font tourner des moulins à prière. Tandis qu'à l'intérieur, des moines récitent des mantras au rythme de leurs tambours. Pendant ce temps, dans une pièce voisine, des nonnes allument des centaines de bougies en priant pour la paix dans le monde.

Nous sommes sur les contreforts de l'Himalaya. C'est ici, qu'en 1959, quelques années après l'invasion du Tibet par les chinois, Tenzin Gyatso, le XIVe Dalaï-Lama a trouvé refuge.

L'incroyable effort des tibétains en exil pour faire vivre leur culture, menacée de disparition

Depuis, ce petit village du nord de l'Inde est devenu le centre du combat que mènent les tibétains pour la préservation de leur culture. Une véritable course contre la montre imposée par les ravages de la 'révolution culturelle' chinoise. Musée d'histoire, institut de médecine et d'astrologie tibétaine, village des enfants tibétains, institut de Norbulinka pour la préservation de l'art tibétain traditionnel ... Tous ces édifices témoignent de l'incroyable effort des tibétains en exil pour faire vivre leur culture, menacée de disparition.

Devant l'affluence des réfugiés, d'autres centres d'accueil ont été ouverts en Inde, au Népal et au Bhoutan. Mais malgré les colonies surpeuplées et le manque de terres disponibles, les réfugiés continuent d'affluer. 13 000 pour ces huit dernières années. La plupart traversent l'Himalaya à pied pour atteindre le Népal, passant des cols de plus de 4000 mètres, en plein hiver, lorsque la vigilance des soldats chinois se relâche.

"Dans mon pays, il m'était impossible d'étudier le tibétain. Alors, avec l'accord de mes parents j'ai décidé de partir. J'avais 15 ans. Avec un ami, nous avons marché, en plein hiver, dans la montagne, pendant plus d'un mois. Marchant la nuit et dormant la journée. Mais arrivé au Népal, mon ami a été amputé de ses deux jambes brûlées par le froid" nous expliquait Lobsang, arrivé en 1997.

Une politique de destruction systématique de la société tibétaine

Depuis leur arrivée au Tibet, le 7 octobre 1950, les autorités chinoises mènent une politique de destruction systématique de la société tibétaine. Transferts forcés de population, immigration massive chinoise, destruction des temples et monuments tibétains, stérilisation et avortements forcés, telle a été la politique menée par les communistes chinois au nom de la 'révolution culturelle'.

Sur une population d'à peu près 6 millions de tibétains, on estime qu'un million deux cent milles d'entre eux sont morts. De faim, fusillés, pendus, noyés, enterrés vifs,... Aujourd'hui, les tibétains sont devenus minoritaires dans leur propre pays. Leur langue a disparu des classes d'écoles, leur religion est tout juste tolérée et les monastères, quand ils n'ont pas été détruits, sont devenus des attractions touristiques.

Le développement de la compassion, un sentiment d'être avec tous les êtres

Le sourire, la gentillesse, l'humanité pleine de sagesse des tibétains que nous avons rencontrés à Mac Leod Ganj, contrastent avec cette dure réalité. La philosophie bouddhiste, omniprésente dans la société tibétaine, explique cet état d'esprit. La voie bouddhiste, exige, en effet, le développement de la compassion, un sentiment d'être avec tous les êtres, que le Dalaï-Lama définit comme "un état non violent, non offensif, non agressif. Une posture mentale fondée sur le souhait de voir les autres se libérer de leur souffrance, et qui va de pair avec le sens de l'engagement, de la responsabilité et du respect d'autrui."

Nani et Minh

A suivre en images :
du côté de Mac Leod Ganj