le 08/02/2002

 
 
 
 
 
     
     08/02/2002
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
 
 
 
 
 
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Silence ! On tourne.

Bombay est une usine à rêves pour un milliard d'indiens. La ville abrite en effet les plus grands studios cinématographiques du pays et produit plus de 100 films par an. Un cinéma populaire qui s'illustre par le mélange des genres : action, humour, amour et romantisme, danse, moralisme... Et dans la grande salle du cinéma "Metro" où nous voyons notre premier film indien, nous découvrons un public enthousiaste qui rit aux éclats et applaudit au moindre gag.

Mais notre expérience du cinéma indien ne va pas s'arrêter là... Quelques jours plus tard, alors que nous déambulons dans le quartier de Colaba, deux hommes nous interpellent. L'un est indien, l'autre allemand. "Ca vous dit de faire du cinéma demain?". Amusés et curieux, nous acceptons. "Rendez-vous demain matin, 8h00, devant l'immeuble de l'Armée du Salut. Un bus vous conduira au studio."

Le lendemain, dans le bus, nous retrouvons une quarantaine d'occidentaux, recrutés comme nous pour une journée de travail. Des canadiens, des scandinaves, des allemands, des français, des polonais, des tchèques...

Pour tout ce petit monde, la journée commence par le choix d'un costume, digne des Puces de Montreuil, et par une séance de maquillage pour les filles. Tout le monde n'est pas encore bien réveillé mais l'ambiance est amicale et joyeuse. Chacun est déguisé et maquillé comme pour une soirée de gala.

Une histoire d'amour réunissant les deux plus grandes stars du moment

Sur le plateau, on tourne une super production. "Main Prem ki diwani hoon" est le titre du film, ce qui signifie "Follement amoureux de Prem". Quatre mois de tournage dont deux mois en extérieur, en Nouvelle Zélande. Le scénario raconte une histoire d'amour réunissant "les deux plus grandes stars du moment" nous dit on, Kareena Kapoor et Abhishek Bachchar. Si les acteurs principaux sont pour nous d'illustres inconnus, beaucoup d'indiens nous envieraient. Le décor est celui de la salle de réception d'un bateau de croisière, baptisé "The Love Boat".

Aujourd'hui, on joue les scènes de fiançailles. Pour chaque scène, plusieurs prises sont nécessaires pour satisfaire le réalisateur et chacune des scènes tournées ne durent guère plus de deux secondes. Entre chaque scène, les acteurs sont remaquillés, tandis que les figurants, épuisés par la chaleur intense des projecteurs, s'affalent par terre.

Dans le studio, une foule de techniciens, de figurants, de comédiens s'agitent. Des discussions naissent aux quatre coins du plateau, entre les figurants, et parmi les techniciens. Des figurants indiens, assis à une table où sont servis de faux cocktails, inventent un jeu avec une petite boite d'allumettes, pour passer le temps... Quand le réalisateur demande le silence, les conversations s'arrêtent quelques instant puis reprennent aussitôt.

Derrière les projecteurs, c'est une véritable galerie de personnages.

Profitant de l'inattention du régisseur, nous partons explorer le studio. Derrière les projecteurs, c'est une véritable galerie de personnages. Des étudiants indiens venus se faire un peu d'argent de poche, des fans venus chercher un autographe, des touristes venus figurer pour 500 roupies la journée dans l'espoir de prolonger leur séjour, et une star capricieuse qui ne se lasse pas d'entendre des compliments sur sa prestation...

La journée a été longue, mais à 22h00, il reste encore une scène à filmer. La "scène du baiser". Une trentaine de figurants sont réquisitionnés, et alors que tout le monde espère que la première prise sera la bonne, sept prises sont nécessaires. Pour conclure la journée, le réalisateur invite techniciens et figurants à visionner les scènes du jour. Sur les moniteurs de contrôle, les figurants découvrent avec déception qu'ils n'étaient à aucun moment dans le champs de la caméra.

A la fin de la journée, le bus nous reconduit dans le centre-ville. A l'intérieur, un écran de télévision retransmet en direct le match de cricket qui oppose dans le stade de Bombay l'Inde à l'Angleterre. Malheureusement, l'Inde perd le match, et tandis que le bus passe près du stade où a eu lieu le match, on aperçoit les visages dépités des supporters indiens. Au même moment, un figurant anglais assis à nos côtés hurle sa joie aux cris de "Come on England! Come on England!"

Nani et Minh