le 21/02/2002

 
 
 
 
 
     
     
     21/02/2002
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
 
 
 
 
 
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Prière de klaxonner

"Visiter l'Inde en voiture, c'est de la folie ! Les indiens conduisent comme des fous !" C'est ce que nous ont dit tous les voyageurs rencontrés ces dernières semaines. Certains ayant même la bonne idée de nous raconter de funestes histoires pour nous prouver à quel point notre entreprise est difficile. Bref, nous voilà prévenus ! La conduite en Inde sera une expérience à part entière. Peu confiants, nous quittons Bombay après un dizaine de jours passés à visiter la ville, à attendre l'arrivée du bateau qui transporte notre voiture et à régler les formalités douanières.

100 kilomètres parcourus en 6 heures

Le temps de prendre la route est arrivé et notre première étape consiste à sortir de Bombay. Nous décidons de partir au petit matin car le trafic est moins dense qu'en journée. Malgré cette précaution, il nous faut plus de 3 heures pour sortir de cette ville gigantesque et atteindre "l'Express Western Highway" qui mène au Gujarat. En fait d'autoroute, nous découvrons une route en bien triste état et l'interminable file de camions qui bouche l'horizon ne nous laisse guère le choix. Patience, patience. Résultat de notre première journée de route : 100 kilomètres parcourus en 6 heures.

Les jours suivants, notre itinéraire emprunte d'étroites routes de campagnes. Le plus souvent, elles ressemblent à des pistes goudronnées. Au bord des routes, les villages se suivent et se ressemblent. Quelques maisons et des temples hindous perdus au milieu des cultures de blé et de coton. Par petits groupes, les femmes travaillent au bord des routes pour laver le linge et dans les champs où l'on récolte le coton. Sur leurs têtes, elles transportent l'eau du puits au village, et le bois qui servira à la cuisine. Sur ces mêmes routes, nous voyons traverser sous nos yeux des singes, des porcs-épics, des écureuils et des familles de cochons sauvages. Mais tous les animaux laissés pour mort sur la chaussée, vaches, moutons ou chiens, témoignent de la manière de conduire des indiens. En témoignent aussi les camions retournés que l'on aperçoit sur le bas coté de la route.

Le plus gros passe le premier !

On ne nous avait pas menti. Les indiens sont des fous du volant. La seule et unique règle est dictée par les plus gros véhicules, les bus et les camions. Le plus gros passe le premier ! Aussi, quand un camion fonce sur nous à toute vitesse en faisant hurler son klaxon, la seule solution consiste à se mettre au plus vite sur le bas côté pour lui laisser la place. Les chauffeurs de camions ne semblent pas craindre la mort.

Petit à petit, on comprend comment les choses fonctionnent. Pour économiser le carburant, qui est relativement cher pour le niveau de vie du pays, les automobilistes coupent le moteur de leur véhicule dans les descentes et la nuit, pour économiser la batterie, ils préfèrent rouler sans phare. Ils aiment aussi jouer du klaxon. A l'arrière de chaque camion il est inscrit "horn please". C'est la pratique locale. Mieux vaut klaxonner pour signaler un dépassement à un camionneur et occasionnellement pour le réveiller. Une autre pratique courante consiste à agiter les bras hors du véhicule pour demander à un conducteur de ralentir ou pour lui signaler qu'il peut doubler. La conduite des indiens n'a effectivement rien à voir avec tout ce que nous avons connu jusqu'à présent, et même si nos hôtes turcs ou libanais nous semblaient conduire dangereusement, nous nous sentions plus en sécurité.

Plusieurs choses rendent la conduite particulièrement difficile. La conduite à gauche n'est qu'un détail et n'est pas une réel souci. Mais la densité du trafic, l'état des routes, la conduite irresponsable des indiens, les différences d'allure entre chaque type de véhicule et l'extrême diversité de ce qu'on rencontre sur les routes sont de vraies difficultés. Les camions pressés, les rickshaws dans lesquels s'entassent un dizaine de personnes, les scooters qui roulent au milieu de la chaussée, les charrettes tirées par des buffles ou des chameaux qui ne dépassent pas 5 km/h, les vaches en liberté, les véhicules en panne abandonnés au bord de la voie font désormais parti de notre quotidien.

Avant de quitter Bombay, un indien à qui nous parlions de notre crainte de prendre la route nous conseillait de porter une bague avec une turquoise. "Si vous êtes du signe du capricorne, vous devez porter une turquoise. Elle vous protègera des accidents de la route." Comme il venait d'acheter une moto, il avait consulté son gourou, et c'est ce que ce dernier lui avait "prescrit".

Nani et Minh