Au départ, 18 mois de balade, c'est un rêve en devenir, un petit bout du monde. Et voilà qu'aujourd'hui, le petit bout du monde est sous nos pieds.
Un an et demi pour parcourir une partie de la planète. La Turquie et ses habitants si hospitaliers, les pays arabes, mélange de virilité et de romantisme, l'Inde, entre féerie millénaire et misère omniprésente, le Tibet en exil, une humanité pleine de sagesse, l'Asie du Sud-Est, une paisible nonchalance à l'épreuve de la modernité... Tant de souvenirs se sont accumulés, comme si ces quelques mois passés sur la route étaient du concentré de vie.
Nous avons vu une multitude de paysages magnifiques. Entre les cheminées de fées de la Cappadoce en Turquie, la Mer Morte et son sel, la Mer Rouge et ses poissons, les déserts de sable de Jordanie, les neiges éternelles de l'Himalaya, la jungle épaisse de Malaisie, le gigantesque delta du Mékong, nous en avons pris plein les yeux.
De toutes jolies rencontres aussi, de celles où à un moment donné, on s'aperçoit qu'on se sent comme à la maison, comme faisant partie de la famille. Comme si Suleyman, Hassan, Mohammed, Narindar, Dolma, ou Pouk, conscients de la brièveté de notre rencontre, avaient voulu nous léguer quelque chose. Comme si ce manque de temps nous avaient tous amené à l'essentiel.
Prendre son temps pour mieux savourer, appréhender les différences sans jugement pour permettre la rencontre, relativiser les difficultés et prendre le bon état d'esprit pour les résoudre, comprendre que le bonheur est caché quelque part en nous... En douceur, le voyage nous a livré son enseignement. Et pour arriver à ses fins, il a utilisé mille et un petits bonheurs au quotidien : s'endormir tous les soirs en écoutant des bruits différents, se réveiller les yeux grand ouverts dans un endroit inconnu, goûter de nouveaux fruits, recevoir le sourire d'un passant,...
Notre voyage, c'était des journées consacrées à découvrir des lieux, à se promener. D'autres, à discuter avec les gens, à prendre l'air du temps. D'autres encore, à régler des problèmes de logistique : visas, courses, douches, linge à laver, mécanique, rangement, etc. Et puis il y avait aussi le temps consacré à surlaroute.org. Décider de ce qu'on voulait mettre en avant, échanger nos impressions, écrire, se relire, enregistrer et annoter nos photos, mettre en ligne nos mises à jour...
Aujourd'hui, nous mettons fin à l'aventure, "un voyage pour découvrir, un site pour partager". Et pour nous, une belle aventure. Surlaroute.org aura été un fil conducteur, un guide dans ce voyage. Il nous a poussé vers l'avant, en aiguisant notre curiosité, et nous a permis de prendre du recul sur les moments passés. Ecrire pour digérer au fur et à mesure toutes les sensations nées du voyage, raconter pour éviter l'indigestion et le trop-plein de souvenirs.
Les premiers visiteurs du site étaient des amis, des parents, des connaissances, mais une foule d'inconnus est bien vite venue grossir les rangs. Et avec eux, une foule de messages a commencé à nous parvenir. Echanges d'infos, témoignages d'affection, de solidarité,... Parfois, une intimité est née de ces échanges, et des personnes que nous n'avions jamais vues sont devenues familières. Alors, une pensée pour Yann, qui prépare un voyage similaire au nôtre et que nous croiserons peut-être bientôt sur la route, pour Mariette, qui à travers ces messages nous a fait découvrir le Canada, pour la petite Guenièvre, qui s'interroge sur la manière dont vivent les enfants tibétains,...
Réaliser et animer un site web demande du temps. Alors, même si le voyage continue, cette fois, ce sera sans surlaroute.org. Nous avons besoin de temps pour préparer notre avenir, pour concrétiser de nouvelles envies nées du voyage, avant notre retour en France, prévu pour septembre 2003.
Nani et Minh
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