le 30/10/2001

 
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     30/10/2001
     
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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Hassan l'australien

La galerie de notre voiture a cassée sous le poids des malles et des jerricans. Les deux montants avant viennent de céder. Nous voilà au bord de la route, obligés rentrer nos jerricans d'essence à l'intérieur et de déplacer nos malles vers l'arrière de la galerie. Nous partons à la recherche d'un artisan susceptible de ressouder nos montants.

En Turquie, les échoppes d'artisans ne manquent pas et il nous est facile de trouver notre bonheur. La réparation ne prend pas plus d'une heure et nous coûte seulement 25 francs. Et pour se prix là, on repart avec deux montants supplémentaires qui viennent consolider la galerie. Histoire d'éviter que pareille mésaventure ne se reproduise.

Pendant la réparation, on fait la connaissance d'Hassan, 35 ans, qui est venu spontanément proposer ces services. Parlant bien l'anglais, il se charge d'expliquer à l'artisan ce que nous attendons de lui. Une fois la réparation terminée, Hassan nous invite chez lui. Il le fait avec tant d'insistance qu'il nous est difficile de refuser. Nous acceptons donc, mais sans vraiment savoir ce qui nous y attend.

En arrivant, on apprend en fait que nous sommes chez les parents d'Hassan. Leur appartement se trouve à la périphérie de la ville dans une cité HLM. Ici pas de chauffage central, seul le salon est chauffé à l'aide d'un poêle à charbon. Et les autres pièces sont déjà bien froides en ce début d'hiver.

Hassan habite depuis cinq ans en Australie et rend visite à sa famille qu'il n'a pas vu depuis deux ans. Là-bas il travaille avec sa femme et son beau-père. Ils ont fondé une petite entreprise de ferronnerie. Les affaires ont l'air de bien marcher si on en croit les photos de portails, portes et fenêtres qu'Hassan nous montre fièrement. "En Turquie, la situation économique est très mauvaise, les gens ne trouvent pas de travail, l'argent manque. Pour ma part, je pense faire ma vie en Australie. Là-bas l'avenir de ma fille s'annonce bien meilleur qu'il ne pourra jamais l'être ici. Et il y a peu, j'ai envoyé mon petit frère, qui habite encore ici, prendre des cours d'anglais. J'espère bientôt pouvoir le faire venir pour qu'il travaille avec moi."

Coïncidence étrange, pendant que nous bavardons, un reportage à la télévision explique que, dans les années soixante, près de deux millions et demi de turcs ont immigré en Allemagne. On y voit des trains remplis arrivant en gare et des ateliers de fabrication de voitures.

"Allez prendre des douches". Cette phrase d'Hassan nous laisse sans voix. Il est certain que ça nous ferait le plus grand bien mais comment accepter une telle invitation alors que nous le connaissons seulement depuis moins de trois heures. Nous refusons poliment. "Vous prenez une douche, on mange le repas du soir et ensuite je vous montre la route que vous voulez prendre !". Pour la deuxième fois, il nous est impossible de refuser.

Après les douches, en fait de repas du soir, c'est un véritable festin que la mère a préparé, seule dans sa cuisine. Et alors que nous nous apprêtons à partir, malgré nos protestations, Hassan nous offre une épaisse couverture, pour nous permettre d'affronter l'hiver. Incroyable hospitalité turque.

"A Sydney, mon voisin est un vieil australien. On s'entend bien. Souvent il passe à la maison pour prendre des nouvelles. De notre côté, on fait la même chose. Comme ça, le jour où un de nous a besoin d'aide, les autres sont là pour l'aider."

Nani et Minh