le 16/11/2002

 
 
 
 
 
 
 
 
 
     
     16/11/2002
     
     
 
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Le temps de la moisson

Au-delà de Luang Prabang, la route monte au nord, puis à l'ouest. Les frontières des pays voisins sont très proches et les hommes partagent les mêmes montagnes. Les produits manufacturés vendus sur les marchés évoquent les échanges avec la Chine ou le Vietnam, et les visages croisés sont le reflet d'une terre de rencontre. Plus au nord, il y a Udomxai, une petite ville à la croisé des chemins. Depuis Udomxai, on peut gagner le Vietnam, le Myanmar et la Chine, et dans les rues on parle chinois. Plus loin encore, des tribus tibéto-birmanes et thaïes peuplent les montagnes. C'est dans cette région que commence le Triangle d'Or. Les champs de pavot doivent pousser quelque part dans ces montagnes. Un moyen pour les paysans d'améliorer le quotidien, dans une région où les conditions de vie sont difficiles, et d'obtenir des liquidités.

Le long de la Nam Tha

Dans ces montagnes, comme dans le désert, un point d'eau amène la vie. Au creux des montagnes, serpentent des rivières qui relient les hommes. Une rivière, un cours d'eau, un bassin, et la vie, la nature grandit, nourrit. Le long de la Nam Tha, la piste de terre que nous empruntons s'enfonce dans une épaisse forêt de bambous. Proches de la rivière, se dressent des villages de maisons sur pilotis, en bois et bambous, distants d'une dizaine de kilomètres les uns des autres. Quelques maisons, des greniers à grains tout autour et une école pour les plus importants. Des poules, des cochons, des vaches et des ribambelles d'enfants nous accueillent. Partout, les parents ont laissé la garde des villages aux enfants et aux vieux et partent aux champs récolter le riz. Alors, les grands parents se baladent de maisons en maisons avec un petit dans les bras, et les enfants les plus grands chapeautent les plus petits.

L'impression d'assister à la petite magie du quotidien

Dans les villages, et dans les champs, on observe les gens avec l'impression de passer derrière le rideau, d'entrer dans les cuisines, d'assister à la petite magie du quotidien, de découvrir une certaine réalité de l'Asie. L'époque de la moisson est un moment important de l'année. Dans les rizières, tout le monde est là pour le moissonnage et le battage du riz, pour transporter les récoltes. L'impression aussi que derrière les gestes, les hommes n'ont pas oublié la façon dont travaillaient leurs ancêtres. Construire une maison, fabriquer des outils ou des ustensiles, travailler la terre ou trouver sa nourriture dans la nature... Autant de gestes quotidiens répétés inlassablement depuis des siècles.

Au bord des routes, des enfants, en petites bandes, ramènent du bois pour la maison...

Sur les routes et les pistes défoncées, ce ne sont que des camions transformés en autobus et des tracteurs de fabrication chinoise qui servent à tout transporter. Au bord des routes, des enfants, en petites bandes, ramènent du bois pour la maison ou conduisent les buffles au point d'eau, et des femmes, le dos courbés par de lourdes charges, avancent doucement. Les hommes, arpentent les forêts et les sentiers, un fusil à l'épaule, ou une besace remplie de filets à poissons ou d'herbes cueillies. Les voitures sont rares, et sur notre passage, les bras des marcheurs se lèvent pour demander l'arrêt comme on hèle un bus. Pour quelques kilomètres, des vieux, des mères de famille font la route avec nous. Dans ces montagnes, les gens vivent simplement de la culture du riz, de la cueillette, de la chasse et de la pêche. Une économie réduite au minimal, basé sur un système autarcique. Les échanges sont limités.

Un visage rond et clair comme la lune

A Luang Nam Tha, chef-lieu de la province, les femmes des tribus voisines descendent à la ville pour faire les marchés. A Nam Di, dans la tribu des Lao Huay, les femmes portent le costume de leur ethnie : une robe longue de coton noir avec des liserés pourpres sur un pantalon noir et des guêtres. Les cheveux relevés dans un long chignon décoré de pièces de monnaie et les sourcils rasés leur donnent un visage rond et clair comme la lune. Devant sa maison, une femme nous appelle. Elle a vu notre voiture la veille dans la montagne. A l'aide de gestes, elle nous présente sa mère, qui fait cuire, sur le feu de bois, un potage à base d'herbes. Puis quelques enfants et sa maison. De longs silences, quelques rires, mais chacun s'observe. Puis d'autres villageois se rapprochent. Un vieil homme affublé d'un bébé dans les bras arrive. Il regarde Minh dont les origines asiatiques lui font espérer qu'il a peut être un moyen de communiquer avec nous. Il se saisit d'un bâton et trace, sur le sol en terre battue, deux caractères chinois.

Nani et Minh

A suivre en images :
en balade dans les montagnes