le 02/12/2002

 
 
 
 
 
 
 
 
 
     
     
     
     02/12/2002
 
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Le Vietnam, avec ou sans voiture ?

Cela fait déjà quelques temps que nous nous demandons si notre voiture réussira à passer la frontière vietnamienne. Depuis le début du voyage, beaucoup d'informations contradictoires sont remontées à nos oreilles. Nous connaissons bien plusieurs voyageurs qui ont réussi à passer mais c'était il y a plus d'un an et demi. A l'ambassade du Vietnam au Laos, on nous a répondu que c'était impossible. Et en Malaisie, des motards anglais nous ont raconté que les douaniers les avaient refoulés à la frontière. Quoiqu'il en soit, nous avons décidé de tenter notre chance.

La route 9 est un immense chantier

La route numéro 9, qui mène au poste-frontière de Lao Bao est un immense chantier. Tout du long, les ouvriers s'affairent. Et pour héberger cette main-d'œuvre venue du Vietnam, des villages ont poussé au bord de la route. Le gouvernement vietnamien a en effet décidé qu'il n'allait pas attendre le bon vouloir des laotiens pour construire cette artère qui lui permettrait de commercer avec la Thaïlande comme bon lui semble. Et les camions vietnamiens qui déboulent à toute vitesse sur cette route en devenir nous plongent à chaque fois dans un énorme nuage de poussière.

Nous parcourons les derniers kilomètres qui nous séparent de Lao Bao à une vitesse de 10 km/h

Ce matin, après avoir dormi à quelques kilomètres du poste de douane, nous prenons la route, bien décidés à dormir ce soir de l'autre côté de la frontière. Mais El Magnifico, notre voiture, en a apparemment décidé autrement. Au premier coup de démarreur, elle se met à tousser. Nous nettoyons le filtre à air, inspectons le moteur. Rien à faire. Pressés par le temps, nous partons malgré tout et parcourons les derniers kilomètres qui nous séparent de Lao Bao à une vitesse de 10 km/h.

Arrivés au poste-frontière, un douanier laotien nous accueille, apparemment surpris de voir arriver une voiture étrangère. N'étant pas certain que l'on puisse entrer au Vietnam avec, il nous explique que nous devons d'abord nous rendre à pied au poste de douane vietnamien afin de vérifier si nous sommes autorisés à entrer dans le pays. Ca commence mal.

Policiers et douaniers se mettent à inspecter notre carnet de passage en douane

Le jeune officier vietnamien qui nous accueille est tout sourire. Il nous écoute avec attention et demande à voir les papiers douaniers de notre véhicule. A peine avons nous sorti notre carnet de passage en douane qu'un attroupement se crée. Policiers et douaniers se mettent à inspecter notre document, chacun y allant de son commentaire. Et pas de chance, l'un d'eux a l'idée de regarder au dos du carnet la liste des pays qui ont signé la convention internationale dont il est issu. Le Vietnam n'y figure pas. Du coup, on nous explique avec force que nous ne pouvons pas passer. Tout le monde repart, apparemment décidés à en rester là.

Nous repartons à la charge avec nos arguments préparés de longue date. Nous expliquons donc que nous devons absolument nous rendre au Vietnam pour rendre visite à la grand-mère de Minh, sous-entendu qu'en pareil cas, il est bien mal venu de nous mettre des bâtons dans les roues. Les visages se détendent, et finalement, les douaniers, ne sachant plus quoi faire, décident d'attendre leur chef qui est parti déjeuner. Nous nous installons sur un banc.

Un poster délavé, accroché au mur, présente tous les types d'amphétamines en circulation

Le poste de douane est quasiment désert. Dans la chaleur étouffante de ce milieu de journée, seule une douce musique vietnamienne que diffuse un petit poste de radio apporte un semblant de fraîcheur. Un poster délavé, accroché au mur, présente tous les types d'amphétamines en circulation. Le Triangle d'Or n'est pas loin et le trafic dans la région va bon train. Quelques femmes, un panier accroché aux épaules traversent de temps en temps le poste de douane, tandis que des chiens errants se promènent dans les couloirs, apparemment familiers des lieux.

La bureaucratie communiste n'est plus à une contradiction près

Finalement, nous sommes invités à nous rendre dans le bureau du chef des douanes. Avec regret, celui-ci nous explique, texte de loi numéro 101 datant du 31/12/2002 à l'appui, que notre voiture peut entrer au Vietnam mais qu'il nous faut une autorisation spéciale du ministère de la sécurité et que le seul moyen pour nous d'en obtenir une est de nous rendre à Hanoï. Apparemment la bureaucratie communiste n'est plus à une contradiction près. Le chef des douanes veut bien en convenir mais il ne peut transiger avec la loi. Non sans malice, dans un dernier élan, nous lui expliquons que parfois, nous avons dû laisser de l'argent en caution pour entrer dans certains pays. Silence, regard dubitatif, hésitation, puis il nous répond que non, ce n'est pas un problème d'argent.

Une solution de rechange s'impose. Nous visiterons donc le Vietnam sac au dos. Nous décidons de retraverser le Laos pour nous rendre en Thaïlande. Là-bas, nous laisserons notre voiture dans une guest-house où nous avons séjourné il y a un mois, avant de repartir pour le Vietnam.

Avant de quitter le poste de douane, nous prenons le temps de réparer notre voiture. L'arrivée d'essence n'a pas supporté la poussière. Après quelques coups de tournevis, El Magnifico repart vaillamment, apparemment tout heureux de sortir de cette impasse.

Nani et Minh