le 20/11/2002

 
 
 
 
 
 
 
 
 
     
     
     20/11/2002
     
 
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Le Noël des moines

Ce matin le réveil a sonné à 5 heures 30. La recette dans ce genre de situation consiste à se lever rapidement, pour ne pas se rendormir. Quelques minutes plus tard, nous sommes dehors. La pleine lune éclaire le petit matin de tout son éclat. Direction le That Luang, le monument le plus sacré du pays, un emblème national. Selon la légende, des missionnaires du roi indien Ashoka auraient édifié à cet emplacement une stupa renfermant le sternum du Bouddha historique. Le temple est situé au nord de Vientiane, au bout de la longue rue qui porte son nom.

Ce matin, tout Ventiane s'est donné rendez-vous

Il règne dans les rues une agitation peu commune pour cette capitale aux allures provinciales où tout semble aller d'un rythme lent et régulier. Mais aujourd'hui, les policiers sont de sortie, la circulation est intense et tous les rickshaws de la ville et des environs sillonnent la ville. Tout Ventiane s'est donné rendez-vous. On vient en voiture, en bus, en rickshaw ou "samlor", trois roues, comme on dit ici. Des familles entières arrivent en scooter, un gosse devant, un autre entre le père et la mère, à bicyclette ou à pied. Leurs bras sont chargés d'offrandes. C'est la grande fête annuelle du That Luang.

Devant eux, leurs sébiles sont disposées sur une table de fortune

A cette occasion, des milliers de moines et de novices affluent vers la capitale. Tellement nombreux ce matin, qu'ils semblent venus du pays tout entier. Le long de la large allée qui mène au temple, la couleur orange prédomine. Orange comme le lever du soleil. Les moines attendent, le visage souriant et amusé pour les plus jeunes, impassible pour les plus anciens. Devant eux, leurs sébiles sont disposées sur une table de fortune. Tout ce que le religieux possède lui vient de la communauté bouddhique. Et s'il reçoit le jour de son ordination trois robes, il ne peut posséder qu'une tasse, un rasoir, un filtre pour purifier l'eau qu il boit, un parapluie et une sébile. Celle-ci lui sert à recueillir les offrandes. Mais ce matin, pas besoin de déambuler dans les rues, les sébiles se rempliront toutes seules.

Des biscuits, du riz, des fleurs, et des liasses de billets de 500 kips

Dans l'enceinte du temple, les laïques s'installent. Sur de grandes nattes, les familles se réunissent. Les plus jeunes viennent entre amis. Rapidement, on refait le compte. Des biscuits, des soupes instantanées, du riz, des fleurs, et des liasses de billets de 500 kips (50 euro cents). Le costume national est de rigueur et les femmes portent leurs plus beaux habits. Une grande écharpe de soie lao portée sur l'épaule, un sarong, et un chemisier blanc. Maquillage et bijoux en plus. Un jour comme aujourd'hui est une belle occasion de se faire photographier devant le temple. Entre deux clichés, les photographes professionnels notent rapidement les adresses des clientes.

Des familles rassemblées comme pour un pique-nique

Nous avançons au milieu des familles rassemblées comme pour un pique-nique. Autour du sanctuaire principal, les marchands ont installé leurs stands. Quelques barbecues sur lesquels grillent poulets et brochettes, des marchandes de fleurs, de fruits et de plats à emporter que les cuisinières ont passé la nuit à préparer. A l'intérieur, les hauts-parleurs diffusent une prière. Une foule de fidèles s'y est engouffrée. Tous sont agenouillés et serrés les uns contre les autres, l'heure est au recueillement. La fin de la prière annoncent le début de la distribution. Ici comme partout à l'extérieur du sanctuaire, des lignes s'ébauchent, formant une queue interminable. Tout le monde se presse devant les moines. Devant chacun d'eux, les fidèles déposent un billet, un peu de riz et quelques biscuits. Il en faut pour tout le monde.

Les sébiles se remplissent, se vident et se remplissent de nouveau. Les moines bourrent d'énormes sacs de toile de victuailles, et mettent dans leurs poches l'argent qui servira à rénover un dortoir ou un sanctuaire. Pour nos yeux d'occidentaux, la fête ressemble à un Noël des moines.

Quelques heures plus tard, ces derniers repartent les bras chargés de lourds sacs et paquets. Le temple et les environs se vident peu à peu, et la ville reprend son rythme lent et nonchalant. Dans les rickshaws, sur les galeries des bus, les novices aident au chargement des paquets. La fête est terminée et il est temps de regagner le monastère. Le soleil est maintenant haut dans le ciel.

Nani et Minh

A suivre en images :
la fête du That Luang