le 19/01/2002

 
 
 
 
     
     
     
     19/01/2002
     
 
 
 
 
 
 
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Allo ? I want to ship my car to Bombay

Alors que nous étions encore à Paris, en train de préparer nos affaires pour le "grand départ", nous nous sommes retrouvés, comme beaucoup, devant la télévision, à regarder s'écrouler les deux tours du World Trade Center. Et en quittant Paris, le 17 septembre dernier, nous ne savions pas encore si comme initialement prévu, notre itinéraire passerait par le Pakistan.

La guerre en Afghanistan est venue confirmer nos doutes. Plus question pour nous de passer par le Pakistan, trop proche et trop impliqué dans le conflit en cours. Des voyageurs nous ont informés que les frontières du pays étaient toujours ouvertes mais notre décision est prise. Nous devons mettre au point un nouvel itinéraire.

Dès lors, notre route pour atteindre l'Inde passe forcément par la mer. Après avoir envisagé différentes solutions, nous décidons de mettre la voiture dans un cargo au port d'Aqaba, au sud de la Jordanie, et de prendre un avion pour Bombay. Mais reste à mettre tout ça en pratique.

Arrivés à Amman, la capitale jordanienne, nous commençons nos recherches. Pour les billets d'avion, nous profitons des bons conseils d'un immigré indien, rencontré dans un restaurant, pour trouver la meilleure offre.

Il nous faut maintenant, trouver un agent maritime, capable d'organiser le transfert de notre voiture par bateau. Nos premiers interlocuteurs sont indiens. Mais le peu d'informations qu'ils nous livrent, le peu d'intérêt qu'il nous témoignent et leur minuscule bureau ne nous inspirent guère confiance. Heureusement, nous avons un peu plus de chance par la suite. M. Samandar, patron d'une importante société de fret jordanienne, fait preuve d'une incroyable disponibilité malgré la charge qui lui incombe. Et après avoir réglé tous les détails du transfert, nous quittons Amman pour partir visiter le sud du pays.

Deux semaines plus tard, nous arrivons à Aqaba, au bord de la Mer rouge. Dès notre arrivée, nous prenons contact avec l'agent de M. Samandar sur place. Mais ici, rien avoir avec l'effervescence d'Amman. Le personnel de l'agence nous donne l'impression de travailler au ralenti. Quelques coups de téléphone, deux ou trois photocopies, guère plus. Au bout de deux heures, on nous informe que la personne responsable des formalités douanières n'est pas disponible. Nous devons repasser le lendemain matin.

Après trois rendez-vous comme celui-ci, les formalités douanières sont enfin réglées. Nous pouvons maintenant nous rendre au port pour charger la voiture dans un container.

Lorsque nous arrivons au port, il fait déjà nuit. Mais l'activité est toujours intense. Des files de camion font la queue devant l'entrée. Deux gardes, dans un nuage de fumée d'échappements, contrôlent les autorisations des camionneurs. A l'intérieur, la circulation est chaotique. Les camions se faufilent entre les rangées de containers, créant quelques embouteillages ça et là. Près d'un hangar, des ouvriers déchargent des cartons. A côté, deux camionneurs partagent un repas. Entre deux camions, un homme est accroupi. C'est l'heure de la prière du soir.

Dans ce tumulte, l'homme qui nous accompagne peine à trouver notre container. Pendant plus d'une heure, il parcourt le port dans tous les sens. Et en désespoir de cause, il se décide à appeler son patron. De loin, nous le voyons déambuler avec son téléphone portable. D'un coup, il s'arrête, lève la tête, et nous fait signe de le rejoindre. Il vient de mettre la main sur le container tant convoité.

Après avoir bien amarré notre voiture à l'aide de cales et de cordes, nous refermons la porte du container et posons un scellé. Nous la retrouverons dans deux ou trois semaines à Bombay.

A l'heure où j'écris, nous nous trouvons dans un hôtel d'Aqaba. Dans quelques jours, nous nous envolerons pour Bombay. Maintenant, notre voiture doit se trouver en Mer Rouge, non loin de la Mecque. Cette séparation nous montre à quel point la voiture modèle notre voyage. Elle représente beaucoup plus qu'un simple moyen de transport. S'en séparer, c'est partir de nouveau, un peu comme si nous quittions notre maison.

Nani et Minh