le 16/12/2001

 
 
 
 
     
     16/12/2001
     
     
     
 
 
 
 
 
 
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L'Aïd en famille

Il est 22HOO et nous venons tout juste de terminer les formalités au poste frontière. Nous sortons de Syrie et sommes maintenant en Jordanie.

Dans la nuit, un homme s'approche. Il est tout souriant et voudrait nous inviter à prendre un café chez lui. Nous acceptons.

Quelques minutes plus tard, nous voilà assis dans le salon d'Abou Azzan. Une télé trône sur le seul meuble de cette grande pièce. Tout autour, des matelas sont posés à même le sol.

Toute la famille est là : deux garçons, cinq filles, Ouma et Abou Azzan. "La mère et le père d'Azzan". Azzan est le nom du fils aîné et la coutume arabe veut que l'on y fasse référence pour nommer les parents.

"Avoir des enfants est un devoir. Nous en avons besoin. Pour tous les jordaniens, la famille est sacrée. Contrairement à chez vous, jamais par exemple, nous ne laisserions nos parents aller en maison de retraite". Abou Azzan nous explique que son fils cadet, Hamza, héritera de la maison familiale, et que du coup, c'est lui qui aura la charge de ses parents. "Mais tout ça, je le lui est déjà expliqué en détails".

La soirée est agréable. Abou Azzan est le seul à parler anglais mais il prend systématiquement le temps de traduire nos paroles à toute la famille. Et tout le monde ne cesse de nous souhaiter le traditionnel "Ahlan Wa Sa Ahlan" (soyez les bienvenus) et de nous inviter à nous mettre à l'aise. Nous commençons effectivement à nous sentir un peu chez nous. Et nous acceptons avec plaisir l'invitation qui nous est faite de revenir, la semaine suivante, pour fêter l'Aïd el Fitr, la fête qui va marquer la fin du Ramadan.

L'Aïd dure trois jours, c'est une fête centrée sur la famille et les amis. Tout le monde rend visite à tout le monde afin de présenter ses vœux pour la nouvelle année (l'année lunaire puisque l'Hégire, le calendrier arabe, est fonction des cycles de la lune).

Au premier jour de l'Aïd, nous sommes accueillis par Abou Azzan, qui nous offre une petite tasse de café arabe, parfumé à la cardamome. Trois tasses en fait comme le veut la coutume. La première marque la bienvenue, la deuxième est en l'honneur de tous les invités présents, tandis que la troisième, la plus importante, porte chance aux hôtes pour l'année à venir.

Confortablement assis sur les matelas du salon, nous voyons défiler, tour à tour, des cousins, un neveu, une voisine, venue avec tous ces enfants, puis d'autres cousins. Tous habitent le village. A chaque fois, le café est servi pour marquer la bienvenue.

A un moment donné, profitant de l'absence d'invité, Nani part visiter la chambre des filles. En pays musulman, les femmes, contrairement aux hommes, ont la chance de pouvoir circuler librement dans les foyers. Au salon, Abou Azzan s'inquiète de son absence. Je lui explique que, peut-être, elle est partie aider sa femme à la cuisine. "Mais pourquoi ? absolument aucun besoin, j'ai plein de filles !". Il éclate de rire.

A la fin de la journée, nous montrons les photos de notre voyage à toute la famille. Les enfants ont les yeux grands ouverts et ils découvrent avec surprise que de nombreux arabes habitent à Paris et que les turcs, comme eux, vont prier dans des mosquées.

Avant d'aller se coucher, Abou Azzan profite d'une énième pause café, pour nous demander quel bilan nous tirons de ces trois premiers mois de voyage. Depuis notre départ de France, c'est la première fois qu'on nous pose une telle question.

Nani et Minh

A suivre en images :
la fête de l'Aïd