le 10/12/2001

 
 
 
 
     10/12/2001
     
     
     
     
 
 
 
 
 
 
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Au neuvième mois de l'année 1422

Pour la première fois, nous passons le mois du Ramadan en pays musulman. Au Proche-Orient, l'Islam rythme la vie de tous. En Jordanie et en Syrie, 90% des gens sont musulmans. En ce mois de Ramadan, nous découvrons à quel point, la religion marque la vie quotidienne. Nous ne sommes que de simples passants mais le Ramadan s'impose aussi à nous.

Pour nous, ce sont d'abord des restaurants fermés toute la journée. On ne trouve même pas un sandwich à se mettre sous la dent. Alors quelquefois, on prend nos déjeuners à la sauvette, dans la voiture ou dans les parcs, en cachette, par respect pour les croyants. Les traditionnelles invitations à boire thés et cafés ne sont plus là. Elles laissent place aux invitations à partager le repas du soir.

De cette étape essentielle dans l'année d'un musulman, nous garderons aussi quelques images fortes et amusantes.

Dans la grande mosquée de Damas, des centaines de fidèles se rassemblent à tout moment de la journée. Les gens y viennent pour prier, discuter ou se reposer. Au centre, les patriarches, assis, forment un cercle et discutent, le Coran posé sur les genoux. D'autres restent à l'écart, couchés sur les tapis, ils se sont endormis. De l'autre côté, les femmes discutent entre elles, et saluent celles qui arrivent. Dans un coin, une jeune femme, seule, le visage triste, prie pour sa famille, en Palestine.

Vers 16.00, les rues se vident en quelques minutes. Dans les rues désertées par les passants et les flâneurs, le muezzin annonce la rupture du jeûne. Quelques uns se hâtent encore vers leur maison, la mosquée, les restaurants qui viennent d'ouvrir ou l'échoppe d'un ami. Les marchands dînent dans la rue, et partagent près de leur stand quelques fèves chaudes, des dattes et du yaourt. Les policiers en service délaissent la circulation pour faire de même. Sur les routes, la circulation devient plus calme. Les camionneurs s'arrêtent le temps de prier et de dîner avant de reprendre le travail. Des files interminables de camions se forment sur le bas-côté. Chacun sort sa gamelle et partage avec d'autres le repas du soir.

Les administrations, les commerces et les services fonctionnent au ralenti. C'est un peu Paris au mois d'août. Les banques, les bureaux de change ferment à 15.00. Les magasins ferment le temps de la pause repas à 16.00 et réouvrent vers 18.00. Même inertie dans les administrations. A la douane libanaise, nous avons la surprise de trouver les guichets fermés dès l'heure fatidique qui marque la fin du jeûne. Derrière les portes closes, des bruits de vaisselle, de plats qu'on réchauffe. A la frontière syrienne, nous avons eu la chance d'interpeller un douanier. Mais celui ci était tellement pressé de retrouver ses collègues déjà attablés, qu'il en a oublié de nous faire payer une taxe de 100 dollars.

En fin de journée, la fatigue se lit sur les visages. Entre lever et le coucher du soleil, les musulmans ne doivent ni manger, ni boire, ni fumer. La journée commence très tôt pour ceux qui prennent un premier repas avant l'aurore, vers 4.00. Dans le souk de Tripoli, une vieille femme s'est évanouie sous nos yeux, épuisée physiquement et nerveusement par plusieurs jours de jeûne.

A la tombée de la nuit, les guirlandes multicolores au symbole de l'Islam, le croissant de lune, illuminent les rues, les maisons, les boutiques. Le soir venu, des fusées d'artifice retentissent dans le ciel et les enfants s'amusent à faire exploser des pétards. Mais l'ambiance générale est davantage portée vers la rigueur qu'à la fête.

De toutes ces images, c'est le témoignage d'Arkam, un jeune jordanien rencontré à Amman, qui nous aura vraiment permis de comprendre le Ramadan. "Le Ramadan nous aide à penser à ceux qui ont faim, à ceux qui n'ont rien. Mais le plus difficile n'est pas de supporter la faim, mais de se comporter comme une bonne personne, conformément au Coran."

Nani et Minh