le 18/11/2001

 
 
     18/11/2001
     
 
 
 
 
 
 
 
 
écouter un son
en savoir +
envoyer cette photo à un ami
Un monastère chrétien en pays musulman

Le monastère chrétien de Mar Musa est situé aux portes du désert syrien. Il surplombe l'une des vallées désertiques du massif montagneux de Qalamoun. Pendant 2 jours, nous avons partagé la vie de ce monastère qui abrite une petite communauté de moines et de nonnes.

Pour accéder au monastère, il nous faut marcher 2 kilomètres dans la montagne. Nous mettons nos chaussures de marches et nos vêtements les plus chauds car la température a brutalement chuté cette nuit. Ce matin, le froid est saisissant et nous avons l'impression de partir en expédition.

A notre arrivée, deux hommes viennent à notre rencontre. "Bonjour. Soyez les bienvenus à Mar Musa. Vous restez pour dormir cette nuit?" nous demande Boutros en français. Ce jeune moine vit au monastère depuis près de 6 ans, et tandis qu'il conduit Minh vers sa chambre, Zaher me conduit vers le bâtiment réservé aux femmes.

Zaher nous propose ensuite de visiter les lieux. Ce jeune syrien de 28 ans vit au monastère depuis deux ans, mais il est encore partagé entre le souhait d'une vie monastique et le désir de fonder une famille. Choix difficile. Ensemble, nous visitons l'étable, les grottes où les moines font leurs retraites, les cuisines, l'église, les travaux de rénovation entrepris par la communauté. Zaher nous explique que de nombreux voyageurs et pèlerins du monde entier viennent faire halte ici. "Nous demandons juste à chacun de participer à la vie collective. Vous voulez bien m'aider? Je dois nourrir les animaux." Nous ramassons des œufs, donnons à manger aux poules, aux chevaux, aux chèvres, et participons à la préparation du déjeuner.

Ici le temps semble s'être arrêté il y a dix siècles. Beaucoup de calme et de sérénité emplissent ces lieux. La vie des moines est rythmée par la prière et le travail agricole. Face au monastère, le désert présente son immensité. Un océan immobile. Un paysage surréaliste. L'endroit est propice au recueillement.

Si l'après-midi est ensoleillé, il fait toujours aussi froid dehors et le vent est glacial. Nous trouvons refuge dans l'église. Des fresques assez semblables à celles que nous avions vu dans les églises rupestres de Cappadoce décorent les murs de pierre. Au sol, des tapis et des coussins comme dans les mosquées. Nous nous installons pour discuter et écrire à la lumière des cierges. Le soir venu, Jihad, un autre moine, chrétien maronite, se joint à nous. Il est venu lire la Bible avant la prière du soir.

Le soir, nous assistons aux vêpres. Nous écoutons les prières et les chants en arabe. Sœur Hudda nous donne une Bible en français pour que nous puissions lire avec eux les textes qu'ils ont choisis. Amusés, nous découvrons qu'en Orient, les chrétiens prient aussi "Allah". Les chants qu'ils reprennent en cœur sont magnifiques. A la fin de la messe, chacun dit une intention de prière. Boutros s'exprime en arabe, mais nous comprenons qu'il adresse une prière pour le peuple afghan. Un message de paix.

Nani et Minh

A suivre en images :
le monastère de Mar Musa