le 17/09/2002

 
 
 
 
 
 
 
 
     17/09/2002
     
     
     
 
 
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Sur les routes du Sud

Au petit poste-frontière de Wang Prajan, l'officier thaïlandais qui nous reçoit empeste le mauvais whisky. Derrière lui, quatre de ses collègues, attablés, discutent, un verre à la main. "Celui-ci est malais, c'est un collègue qui travaille de l'autre côté. C'est un ami, il est venu nous rendre visite" nous dit l'officier.

Avec ses gestes un peu gauches et ses yeux rougis par l'alcool, ce dernier, en dépit de sourires répétés, ne nous inspire guère confiance. Mais en fin de compte, il parle distinctement, son ton est amical et il a tôt fait de nous indiquer les démarches à suivre. Nous en profitons même pour apprendre nos premiers mots de thaïlandais. Une langue délicate à appréhender où l'intonation de la voix donne autant de sens que les syllabes prononcées.

Les premières écritures thaïs font leur apparition

En nous éloignant du poste-frontière, les premières écritures thaïs font leur apparition. Une écriture proche de celle que nous avions vu en Inde du Sud. Des lettres aux formes arrondies et subtiles, et qui souvent s'affublent de petits ronds ou d'accents non moins subtils. Et bien que les lettres soient clairement détachées les unes des autres, nous devons sans cesse nous arrêter aux pieds des panneaux de direction pour prendre le temps de comparer, lettre après lettre, les noms inscrits sur notre carte avec ceux que nous avons sous les yeux.

Le dos courbé, les pieds dans l'eau, des femmes repiquent le riz

Les premiers paysages qui s'offrent à nous sont magnifiques. Des montagnes de calcaire au profil découpé surgissent au milieu d'une végétation abondante. Aux bords des routes, on aperçoit des rizières. Au loin, on distingue des femmes aux chapeaux pointus. Le dos courbé, les pieds dans l'eau, elles repiquent de jeunes pousses de riz. Les mêmes gestes se répètent depuis des millénaires. La culture du riz débuta dans la région il y a 6000 ans.

Les écritures en arabe, les minarets coiffés d'un croissant de lune, les femmes portant de petits bonnets en laine cachant leur chevelure, les hommes en sarong.... Les premiers villages que nous traversons évoquent la Malaisie. La majorité des habitants de la région sont musulmans, 5% de la population thaïlandaise au total. La répartition des rôles entre chinois et musulmans est la même que celle qui prévaut chez les voisins : aux premiers les commerces et la vie urbaine, aux seconds, la pêche, l'agriculture et les campagnes.

Des moines en robe safran et au crâne rasé

Mais en remontant vers le nord, l'impression de découvrir un nouveau pays s'accentue. Les mosquées laissent place aux temples bouddhiques. Au petit matin, on aperçoit des moines en robe safran et au crâne rasé, déambulant dans les rues, une écuelle à la main. Ils ne mangent que ce que les habitants leur offrent, et pour un bouddhiste, donner de la nourriture à un moine est un bon moyen pour acquérir des mérites. Alors, c'est les bras chargés de nourriture que les moines rentrent au temple.

A l'intérieur des temples, les statues du Bouddha se comptent par centaines, et la plupart sont recouvertes de feuilles d'or posées par les fidèles. Parfois, les feuilles sont tellement nombreuses qu'on peine à distinguer les détails des statues. Cette profusion d'images du sage indien est saisissante. Il y en a partout. Et les thaïlandais semblent leur accorder beaucoup de pouvoirs. Certains se font d'ailleurs confectionner de petits pendentifs, dans lesquels ils enferment des représentations du sage. Et dire que ce dernier ne voulait pas qu'on lui rende de culte...

Nous apprenons à saluer en joignant nos deux mains

Dans les marchés de fruits et légumes, nous goûtons la cuisine thaïlandaise. Et en même temps que nous apprenons à saluer en joignant nos deux mains, nous apprenons les mots magiques "maï pet" (sans piment) qui nous permettent d'apprécier toute la finesse de la citronnelle, du lait de coco, ou de la sauce de poisson, sans avoir le palais en feu. Souvent, les marchandes nous invitent à goûter leur produit : de la salade de papaye verte, des raviolis de légumes à la vapeur ou des saucisses de porc. Parfois, on nous invite même à partager un repas. Les contacts sont faciles, les regards bienveillants, les rires souvent au rendez-vous. Nous découvrons la gentillesse des thaïlandais. Et chaque sourire donné est aussitôt rendu.

Nani et Minh