le 06/05/2002

 
 
 
 
 
 
     06/05/2002
     
     
     
 
 
 
 
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A Katmandou

Il est midi et il ne nous reste que 20 kilomètres à parcourir avant d'atteindre Katmandou. Devant nous, l'unique route entre les plaines de l'Inde et la capitale népalaise, monte en lacets dans la montagne. A perte de vue, des camions chargés à bloc attendent patiemment. Des travaux en amont bloque la route.

Après plus de deux heures d'attente, nous franchissons le dernier col et entrons dans la vallée de Katmandou, une cuvette de 20 kilomètres sur 25, surpeuplée, coincée entre la chaîne de l'Himalaya et celle du Mahabharat. La première la sépare des plateaux arides du Tibet, l'autre, des plaines fertiles indiennes.

Sur la route de l'Orient

Riche d'une histoire vieille de plusieurs siècles, Katmandou, le centre historique du Népal, a longtemps été au cœur des échanges entre la Chine et l'Inde. La ville a vu la fondation de nombreuses dynasties et vu fleurir et disparaître un nombre impressionnant de temples.

Dans les années 70, l'attrait du haschich, traditionnellement utilisé par les sadhus à des fins religieuses, en avait fait le passage obligé de nombreux hippies sur leur route vers l'Orient. Et aujourd'hui encore, c'est un lieu de brassage culturel où se retrouvent les innombrables ethnies du Népal, ainsi que de nombreuses communautés étrangères.

Mais aujourd'hui, la rue Jochne, l'ancien quartier général des hippies, rebaptisée depuis "Freak Street," a laissé place à l'animation commerciale du quartier de Thamel. Les boutiques de haschich et les hôtels bon marché ont cédé la place aux agences de trekking, de rafting ou de saut à l'élastique. Le quartier de Thamel, avec ses enseignes publicitaires multicolores et ses restaurants avec mobilier en bois, musique occidentale et télé grand écran vous font vite oublier que vous vous trouvez au Népal.

Au milieu de la place, c'est l'agitation

A quelques centaines de mètres de là, le vieux Katmandou et ses ruelles étroites reprennent leur droit. Des balcons en bois, finement sculptés, sont perchés en haut des maisons les plus anciennes. Nous découvrons des temples, enfouis au cœur des habitations et des statues vieilles de 1000 ans cachées au coin des rues. Comme cette grosse pierre sans forme, dans laquelle des milliers de gens ont planté une pièce pour implorer la déesse qui guérit le mal de dents. Et l'Orient, à travers les odeurs et les bruits de la rue se rappelle à nous.

Au bout d'une ruelle, nous débouchons sur une grande place, un chowk comme on les appelle ici. Dans un coin, une vieille dame, installée sur un drap étendu à même le sol, vend des épices et du sel. Un peu plus loin, un jeune garçon vend des glaces "maison". A côté, un vendeur de mangues et de bananes attend d'éventuels clients, confortablement assis sur son vélo. Des marchands passent le temps en jouant aux échecs, tranquillement assis devant leurs échoppes.

Au milieu de la place, c'est l'agitation. Jeunes femmes népalaises en sari, porteurs éreintés, le dos voûté sous leur imposant chargement, moines tibétains, moulins à prières à la main, adolescents arborant des tee-shirt de Bob Marley, scooters, rickswhaws... La foule se croise, se frôle et se fraye un chemin entre les étales. Dans le temple situé au bord de la place, de jeunes femmes offrent des colliers de fleurs à Bhairab, une manifestation terrifiante de Shiva, un dieu impressionnant aux multiples bras, qui arbore une rangée de crânes pendus à sa ceinture.

Mais vers 9 heures du soir, on n'entend plus un bruit

Mais vers 9 heures du soir, quand la nuit est tombée, les vendeurs rangent leurs étales et la foule disparaît. On n'entend plus un bruit. Dans la ville, plus aucun véhicule ne circule. Les rues sont désertes. Et seules quelques patrouilles de militaires rappellent à chacun que le royaume, à cause du soulèvement mené par le mouvement maoïste, est depuis 6 mois, placé en état d'urgence.

Nani et Minh

A suivre en images :
les rues de Katmandou